Kevin Germanier, portrait du créateur en homme d’affaires

Dans une pièce de 50 mètres carrés du 2e arrondissement, trois jeunes couturiers venus du monde entier enfilent des perles sur un fil. Ils nous sourient avec politesse, tout en répétant leurs gestes. L’un d’entre eux, concentré à exécuter un débardeur, aperçoit quasiment le bout de sa tâche. Le caraco se faufilera dans le placard des créations flamboyantes et excentriques aux inspirations queer de Kevin Germanier, l’homme aux commandes. Finalement, une question nous titille. Le créateur de mode

Egonlab, le duo mode du moment

Quelques secondes avant le show, l’orage se lève dans l’espace obscur du Garage Amelot, dans le 11e arrondissement parisien. Au premier rang, la jeune création -de Victor Weinsanto à Charles de Vilmorin- est venue découvrir le troisième défilé de ses confrères du duo d’Egonlab, Florentin Glémarec et Kevin Nompeix. Les néons s’éteignent pour laisser la lumière douce de quatre lampadaires tamiser le podium, avant qu’un son brutal ne frappe le public. Place à l’homme désinvolte et punk, culotte sur

Au défilé Saint Laurent, l'homme est la femme

Mohair, soie et mousseline enveloppe de longues silhouettes androgynes. Anthony Vaccarello, aux rêne de la maison Saint Laurent depuis 2016, a présenté pour la toute première fois sa collection homme à Paris, dans le cylindre en béton de Tadao Ando à la Bourse de Commerce. Le lieu -comme un écho au cercle lumineux du dernier défilé masculin de la marque au Maroc- encercle tous les convives au premier rang. « Presque par inadvertance, la forme en O, symbole de perfection et de pureté d'exécution,

De Shein à Kanye West, l'année mode 2022 vue par le spécialiste Benjamin Simmenauer

Rembobinons un cycle de mode. Que retenir d’une année bousculée par la guerre en Ukraine ou les aléas de Kanye West ? Quel avenir pour Gucci, Louis Vuitton ou Ann Demeulemeester ? Comment s’habiller dans un contexte d’urgence climatique ? Nous rencontrons Benjamin Simmenauer, professeur de philosophie et directeur de la recherche à l’Institut Français de la Mode (IFM), autour d’un thé. Enfoncé dans la banquette d'un café du 18ème arrondissement parisien, sourcils détendus, il répond instinctivem

Vivienne Westwood : son premier défilé « Pirate » en 1981, comme si vous y étiez

En mars 1981, Vivienne Westwood a 40 ans, les cheveux coupés à la garçonne. La prêtresse du punk rebaptise sa boutique londonienne Worlds End, aux côtés de son compagnon Malcolm McLaren. Ils la décorent en navire de pirate et l’orne d’une horloge géante à treize chiffres tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Cette même année, la créatrice devient quelque peu néophyte en matière de mode. « J'ai vu mes créations punk sur les podiums parisiens et j'ai décidé de me lancer », conf

Azzedine Alaïa, sous le toit de verre

Dans la rue de la Verrerie, à Paris, des passants déambulent devant une immense porte ouvrant sur une cour, sans imaginer ce qui se cache ici. Poussons la porte… Des chaises et des tables signées Harry Bertoia et Giulio Cappellini habillent l’espace, plantées sous une première verrière protégeant les buveurs de thé et café d’un temps maussade. Les conversations passent d’une recommandation du dernier ouvrage de la féministe Mona Chollet à l’évocation d’un dossier à rendre. Peut-être un collabora

Victoria/Tomas, dix ans de mode

Dans le 19ème arrondissement, le couple nous attend patiemment à l’intérieur d’un immeuble modeste des années 1990, aux côtés de leur garçon de sept mois campé sagement dans sa poussette. Clés en main, ils ouvrent les portes de leur atelier de 110 mètres carrés, illuminé par une large baie vitrée donnant sur un parking. La créatrice franco-russe de 32 ans, Victoria Feldman, et son mari âgé de 30 ans originaire de Lettonie, Tomas Berzins, se sont rencontrés en 2008 sur les bancs d'Esmod à Paris,

Les toqués de la mode

La cheffe. Fondatrice du service de traiteur (très privé) Manger Manger, cette diplômée en architecture d’intérieur, qui a grandi à Tokyo, mêle influences japonaise et française. Sa spécialité : les gelées.

L'événement marquant. Un banquet « presque géorgien » pour The Frankie Shop, à la galerie Perrotin, durant la Fashion Week parisienne de juillet 2022.

Au menu. Une terrine de légumes motif damier, un carpaccio de dorade et ses cerises en pickles, de l’aubergine frite au bouillon d’achi.

La

Tuyau, raphia, lin : Hyères sous la matière

Dans un hangar gigantesque, dont l’intérieur a été drapé d’aluminium, les invités prennent place sous une chaleur étouffante. La moiteur les avait déjà mis à rude épreuve lors du spectacle d’une dizaine de danseurs et acrobates africains venus danser sur la scène installée face au bâtiment, mais la beauté du spectacle avait récompensé chaque goutte de transpiration concédée à Celsius. Résidents de la ville de Hyères, rédacteurs de mode, directeurs d’institutions et photographes s’assoient sur de

Charlie Le Mindu : «Je suis obsédé par le cheveu»

Vous consacrez une partie de votre vie aux cheveux des autres. Pourtant vous n’êtes pas complètement coiffeur. Comment vous définiriez-vous ?

Je suis tricophile : une personne obsédée par le cheveu. Cette obsession se caractérise sur le plan visuel ou même sexuel. C’est d’ailleurs ce que je regarde en premier chez une personne. J’adore l’idée de changer la personnalité de quelqu’un par la coiffure en deux secondes. J’ai ce pouvoir de rendre une personne heureuse comme très triste. J’aime égalem